
Suivre les populations de poissons autrement : le projet Fish-DNA-Watch sur la Réserve Naturelle Nationale des étangs du Romelaëre
Suivre l’état des peuplements de poissons dans les lacs est essentiel pour comprendre la santé des écosystèmes aquatiques et leurs réponses aux pressions humaines. Depuis l’adoption en 2000 de la Directive cadre européenne sur l’eau (DCE), ce suivi repose principalement sur la pêche aux filets maillants (Norme EN 14757). Une méthode efficace mais contraignante : elle est létale pour les poissons capturés, chronophage, mobilise beaucoup d’agents, et reste peu performante pour certaines espèces.
Pour compléter ces suivis, de nouvelles techniques non-invasives se développent, comme :
- L’ADN environnemental (ADNe) : à partir d’un simple échantillon d’eau, il est possible de détecter la présence des espèces de poissons, de manière sensible et non-destructive.
- L’hydroacoustique : grâce aux ondes sonores, cette méthode permet d’estimer l’abondance et la répartition spatiale des poissons dans un lac, sans perturber les milieux.
C’est dans ce contexte qu’est né Fish-DNA-Watch, un projet collaboratif entre l’INRAE CARRTEL (Thonon-les-Bains) et l’Office français de la biodiversité (OFB), avec le soutien du pôle R&D Écosystèmes Lacustres (ECLA). L’objectif : déployer à grande échelle l’ADNe et l’hydroacoustique, en parallèle des pêches DCE, sur une sélection de 12 lacs en France.
Aux étangs du Romelaëre, les chercheurs testent actuellement ces approches : l’ADNe y est privilégié, car l’hydroacoustique est moins adaptée aux milieux peu profonds. Ces suivis permettront d’évaluer la faisabilité d’une intégration régulière de ces méthodes innovantes dans les programmes de surveillance.
À terme, l’ambition est claire : disposer de suivis piscicoles plus fréquents, moins coûteux, et surtout plus respectueux des espèces, tout en garantissant des données fiables pour la gestion durable des écosystèmes aquatiques.


